Fode

Quelles sont mes priorités pour ablogui ?

Les membres d'ablogui lors du blogcamp224
Les membres d’ablogui lors du blogcamp224

Hier 15 juin 2015, j’ai été élu Président de l’association des blogueurs de Guinée (ablogui). Ce réseau qui fédère les blogueurs et web-activistes Guinéens pour une synergie d’actions citoyennes. Avant d’exposer les grandes lignes de mes priorités voici le déroulement de ce processus démocratique.

Les blogueurs sont connus à travers le monde pour leur attachement inconditionnel aux principes démocratiques. Il serait hypocrite de prétendre défendre des valeurs que l’on ne peut intégrer dans son comportement. C’est pourquoi, au préalable, ablogui qui compte à jour plus de 75 blogueurs a clairement défini les règles et la procédure d’élection de son bureau composé de sept (7) membres. Il sont élus pour un mandat de trois (3) ans renouvelable une seule fois.

Un processus électoral démocratique, ouvert, transparent et hautement technologique

Tout à commencer par la mise en place d’une commission électorale qui a été présidée par Abdoulaye Bah le doyen du blogging en Guinée. Les deux autres membres étaient les blogueurs Gata Doré et Aminata Bérété. En 24h, cette commission a reçu les candidatures et a publié la liste des candidats aux différents postes. Ensuite, une campagne de 72h a été ouverte. Les candidats ont utilisé les canaux de communication internes pour présenter et défendre leur projet pour le réseau. L’étape finale qui est le vote a duré 48h pour permettre à tous les abloguinéens se trouvant partout à travers le monde, d’exercer leur droit. L’élection s’est faite en ligne avec un système de vote très sécurisé et totalement anonyme. Le système a été programmé pour être verrouillé le 15 juin à 18h00 GMT. Automatiquement, les résultats étaient déjà disponibles après quelques secondes. Comme pour dire que le bureau de vote a été fermé à 18h00 et les résultats ont été publiés à 18h00 grâce à l’outil Balotilo.

J’espère que la transparence de la procédure, la célérité et la fiabilité du système de vote demeureront les seules règles et mode d’élection au sein d’ablogui. Nos successeurs doivent éviter à tout prix de tailler l’association sur mesure. Ablogui doit rester ouverte et démocratique.

Quelles sont mes priorités ?

Mon programme durant mon mandat, se résume à faire d’ablogui le réseau le plus ouvert et plus influent du pays. Lors de ma campagne je me suis fixé trois (3) priorités parmi tant d’autres. Ces activités doivent être réalisées de façon efficace d’ici fin octobre 2015.

1) Organiser les blogcamp à l’intérieur du pays :

Le 23 mai dernier, nous avons réalisé avec succès la première étape du blogcamp224. C’est un devoir pour ablogui de poursuivre ses actions de démocratisation des tic sur l’ensemble du territoire national. C’est une étape indispensable pour la construction d’un réseau ouvert et puissant. Nous devons avoir des relais bien formés dans toutes les grandes villes du pays.

2) Organiser un événement sur les TIC et les langues locales:

C’est une grande chance pour ablogui d’avoir des membres qui ont exceptionnellement réussi à valoriser nos langues à travers les TIC. Le saviez-vous ? Au sein de notre réseau, il y a des blogueurs en Pulaar et en N’KO. Ces compétences rares réussit à faire vivre nos langues dans le web . Ils ont d’ailleurs traduits plusieurs logiciels. C’est pourquoi nous avons créé une commission chargée de la promotion de nos langues dans les technologies.

Ce sera une fierté pour ablogui de regrouper ces talents cachés à Conakry pour qu’ils nous exposent le fruit de leur travail.

3) Contribuer à la transparence des prochaines élections en Guinée

Nous portons le projet web Guinéevote. Ce projet est le plus grand défi qu’ablogui doit relever cette année. Comparativement à plusieurs pays africains, notre blogosphère est la plus silencieuse en période électorale.

Ce sont là les priorités que les amis et moi mettrons en oeuvre dans d’ici 5 mois. J’espère que ces idées répondent parfaitement au besoin de faire d’ablogui un réseau ouvert, dynamique et surtout le plus influent de la Toile Guinéenne. Et après exécution de ce programme à cour terme, le combat continuera avec plus d’engagement.

Pour atteindre ses objectifs, ablogui sollicite le soutien de tous les partenaires intéressés par ces activités.

Je remercie tous les abloguinéens pour leur confiance et invite tous les autres blogueurs et twittos Guinéens à rejoindre à ablogui. Je remercie également tous nos amis blogueurs africains qui soutiennent nos initiatives.
Bravo au blogueur Thierno, mon directeur de campagne au sein de la blogosphère Guinéenne!


Conakry fait son tweetup

Photo #TweetUp224
Photo #TweetUp224

Ce samedi 18 avril 2015, l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a fait un bond en avant. Elle a organisé son premier tweetup dont le thème central était : les blogueurs, twittos et activistes guinéens face aux enjeux électoraux. La rencontre dénommée #TweetUp224 nous a permis de nous voir pour de vrai et de débattre de nos prochaines activités en prélude aux élections qui se pointent à l’horizon.

Un bon départ pour la dynamisation d’Ablogui

Créée en 2011, Ablogui est le fruit d’une série de blogcamps organisés à l’intention des jeunes voulant embrasser le blogging. Malheureusement, le réseau avait perdu son élan par manque de dynamisme de la plupart des membres fondateurs. Aujourd’hui, l’espoir renaît avec des blogueuses, blogueurs et micro-blogueurs plus actifs, réguliers et engagés. C’est ainsi qu’en novembre 2014, nous avons lancé une campagne visant à répertorier les blogueurs guinéens d’ici et d’ailleurs pour apporter du sang frais à Ablogui. La blogosphère guinéenne de maintenant est très différente de celle des dernières années où la Guinée n’était presque représentée que par Alimou Sow et moi-même. A présent, je suis fier d’affirmer que nous avons une blogosphère plus bavarde, forte et engagée. Nous sommes désormais omniprésents sur les différentes plateformes de blogging, de micro-blogging à savoir Twitter et dans les grands réseaux tels que Mondoblog.

Cette rencontre fut donc une belle occasion pour notre réseau qui fédère actuellement 54 blogueurs répertoriés à travers la Toile de tirer les leçons du passé – qui a connu des hauts et des bas – pour préparer l’avenir ensemble. Ce travail collectif et citoyen a déjà commencé sur la Toile. Le #TweetUp224 a d’ailleurs été sollicité par @Amadougonkou pour poursuivre cette collaboration dans un cadre physique. Étaient invités à l’événement, les blogueurs, twittos, web-activistes et mêmes les curieux qui se trouvaient à Conakry à la date indiquée. J’avoue que ce tweetup a été un bon départ pour la dynamisation d’Ablogui. Nous étions au total 9 participants sur 14 inscrits sur notre page événementiel.

Quels ont été les points de discussion ?

Nous avons retenu trois points de discussion : la mise en place d’un nouveau bureau pour donner de l’énergie à Ablogui ; l’organisation d’un blogcamp et la proposition de projet de couverture médiatique citoyenne des prochaines élections

– Sur le premier point, les intervenants se sont unanimement réjouis des différentes initiatives qui ont abouti à l’organisation de cette réunion fraternelle et réelle. Nous avons tous eu le plaisir de nous voir physiquement et de nous serrer les mains. Les différents intervenants ont soutenu la nécessite de poursuivre les efforts de mobilisation, de multiplier les rencontres du genre et de mettre en place dans le plus bref délai le bureau de notre association. Et comme le disait @witterlims, il était difficile pour nous de mettre en place une structure sans ses composantes.

– Dès la création de la liste de diffusion entre les membres d’Ablogui, l’organisation d’un blogcamp à été évoquée dans les échanges. Les comptes rendus des démarches qui ont été menées pour l’organisation de cette formation ont été faits. Je pense que les participants ont été satisfaits des progrès réalisés. Si nous obtenons les soutiens nécessaires, le blogcamp sera organisé dans les semaines à venir.

–  Aussi et surtout, le concept du projet GuinéeVote a été expliqué et proposé aux participants qui ont tous bien apprécié l’idée. Elle sera une plateforme de couverture médiatique citoyenne des élections en Guinée. Nous en donnerons plus de détails au moment opportun.

Les décisions :

@Amadougonkou et moi avons été désignés pour réviser les statuts et règlement d’Ablogui pour les proposer aux membres afin de l’adopter. Ensuite, élire les membres du bureau.

Il a également été décidé qu’Ablogui collabore avec la Plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD), l’une des plus crédibles organisations de la société civile. Les modalités de cette collaboration doivent être clairement définies de manière à garder notre indépendance et notre liberté de ton.

Enfin, il a été convenu que la date du prochain #TweetUp224 sera fixée à l’issue des discussions dans le mailing list.

Alors, j’espère qu’on se verra au prochain tweetup !


La CESGUIT cherche du soutien pour l’organisation d’une journée culturelle Guinéenne à Tunis

Entretien avec Mamadi Kab et Doukouré, de la droite au milieu
Entretien avec Mamadi Kab et Doukouré, de la droite au milieu

La Communauté des Etudiants et Stagiaires Guinéens en Tunisie (CESGUIT) peine à réunir les moyens financiers pour organiser une journée culturelle. Certes, le budget est très modeste mais leur caisse est quasi vide. Qui pour les soutenir?   

Dans mon billet précèdent, je vous parlais des difficultés que traversent les étudiants Guinéens en Tunisie. Celui-ci est une autre illustration de leur abandon par l’Etat. En Tunisie, à la fin de chaque année universitaire, les étudiants étrangers – notamment ceux de l’Afrique sub saharienne- organisent une journée culturelle. C’est désormais une tradition. Cette journée permet à chaque communauté résidant en Tunisie, de se retrouver, de faire connaître leur culture à travers des danses et des expositions d’objet d’art.

Un événement à petit budget mais qui ne peut être financé par une caisse estudiantine  

La communauté Guinéenne souhaite organiser la onzième édition de leur événement ce 23 mai 2015. Cette date est devenue la hantise des étudiants. Privés de bourse, les poches sont vides et ils ne souhaitent pas non plus perdre la face devant leurs camarades venant d’autres pays. Ils ont minimisé leur budget à 2.500 euros. Les cotisations individuelles ont atteint leur limite. Ils ne peuvent donc pas compter sur leur caisse estudiantine pour financer cet événement qui devient un défi insurmontable. En dépit des difficultés, ils ne comptent pas y renoncer. C’est avant tout une question d’honneur, d’orgueil national.

Leur demande adressée à l’ambassade de Guinée en Algérie reste sans réponse

Diplomatiquement, la Tunisie est rattachée à l’ambassade de Guinée en Algérie. Les étudiants estiment d’ailleurs que cet éloignement est une forme d’abandon. La CESGUIT a adressé une demande à l’ambassade pour le financement de cette activité culturelle. A moins de 2 mois de l’événement, ils n’ont obtenu aucune réponse. Ils demandent, cette fois ci, au Ministère de la culture de leur venir en aide.

Je pense qu’une telle demande ne s’adresse pas qu’au Ministère de la culture. Tous les promoteurs culturels sont concernés. Aussi, l’aide des personnes de bonne volonté est vivement sollicitée.

Si vous voulez servir la culture Guinéenne, contactez moi via Twitter : @sanikayi ou envoyez moi un mail à kouyasfo@gmail.com. Ce sera un plaisir pour moi de vous mettre en contact avec la CESGUIT.


Les étudiants Guinéens en Tunisie demandent d’auditer les ministres Damantag et Bailo Teliwel

Entretien avec Mamadi Kab et Doukouré, de la droite au milieu
Entretien avec Mamadi Kab et Doukouré, du milieu à droite

En marge du forum social mondial, j’ai cherché à rencontrer les étudiants Guinéens en Tunisie. J’étais curieux de rencontrer mes compatriotes pour me réchauffer à la chaleur fraternelle et m’enquérir de leurs conditions d’étude et de séjour. Là-bas, la situation est révoltante. Ils demandent des audits au Ministère de l’enseignement technique et de celui de l’enseignement supérieur.

Trois jours durant, j’avais lancé un appel infructueux sur les réseaux sociaux pour entrer en contact avec la communauté Guinéenne. J’ai obtenu le numéro de téléphone du Président de la communauté des étudiants et stagiaires Guinéens vivant en Tunisie à travers un Camerounais que j’ai rencontré dans un restaurant. Leur Président s’appelle Mamadi Kaba. Il est étudiant en réseau informatique à Tunis. Le lendemain, dans l’urgence et sous la pluie, c’est lui qui a traversé la ville pour venir remettre notre drapeau à la délégation de la société civile lors de la marche d’ouverture du forum social mondial.

Quelques jours plus tard, on s’est retrouvé pour un entretien portant sur leur situation. Cela m’a permis de savoir qu’ils sont près de 800 étudiants et stagiaires laissés pour compte, par l’État, à l’instar de ceux des autres pays Maghrébins et d’ailleurs.

« Nous avons honte de déclarer à nos amis venant des pays voisins le montant de la bourse qu’on nous octroie ».

Il y a des étudiants dont la situation est gérés par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Les stagiaires, les étudiants en BTS sont au compte du Ministère de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Quant aux autres, leur frais d’études sont à la charge de leurs parents. Tous ceux qui sont à la charge de l’État tire le diable par la queue. Non seulement la bourse est insignifiante, elle peuvent retarder et s’accumuler pendant un ou deux ans. Personnellement, dit Mamadi Kaba, depuis deux ans j’attends, je n’ai encore rien perçu du Ministère de l’enseignement technique et de la formation professionnelle dont je relève. C’est le cas de tous ceux qui sont dans la même situation que moi. Ceux qui sont au compte du Ministère de l’enseignement supérieur et qui perçoivent leur bourse avec difficulté, cachent le montant à leurs amis. Nous avons honte de déclarer à nos amis venant des pays voisins le montant de la bourse qu’on nous octroie. Tous les étudiants étrangers en Tunisie sont de loin mieux traités que nous, avoue t-il.

« Nous attirons les attentions sur les arnaques dans l’attribution des bourses d’étude dans les différents Ministères ».

Les parents qui cherchent ou négocient clandestinement des bourses d’étude auprès des cadres des Ministères d’enseignement doivent faire très attention. Kaba dénonce l’arnaque organisée par certains fonctionnaires des services boursiers. L’escroquerie consiste à vendre des fausses bourses au plus offrant. Plusieurs étudiants et leurs parents sont tombés dans leur piège. Chaque année, des étudiants y arrivent avec des faux papiers d’inscription. Quand ils se présentent dans les universités, ils réalisent qu’ils ont été biaisés. Ils sont donc obligés de se retourner en Guinée ou convaincre leurs parents à payer leurs études.

“Nos revendications se résument à trois (3) points”

Ils demandent au gouvernement de s’intéresser urgemment à leur situation par la satisfaction totale des points suivants:

  1. Le paiement des arriérés de bourses
  2. Le paiement régulier et l’augmentation des bourses
  3. Les audits dans les Ministères concernés : nous voulons savoir où vont nos bourses et qui sont ceux qui fabriquent des faux dossiers pour escroquer les étudiants en les jetant dans le vide, la précarité totale après avoir appauvri leurs parents, conclue t-il.

Il est important pour le gouvernement de prendre conscience de la souffrance des étudiants Guinéens vivants à l’étranger. Les Ministres interpellés, Damantang Albert Camara et Diallo Bailo Teliwel, doivent situer les responsabilités au sein de leur département respectif. La situation est assez grave et donne une très mauvaise image de notre pays.


Les médias alternatifs s’engagent à mettre en avant d’autres représentations du monde

Tunis 2015
Forum Mondial des Médias Libres

Le Forum Mondial des Médias Libres, inclus dans le Forum Social Mondial, a pris fin le 28 mars 2015 a Tunis.  Ce fut un immense plaisir pour moi d’y participer et de rencontrer les activistes d’une communication libre, indépendante et citoyenne. Ces différents acteurs des médias alternatifs sont désormais unis par des valeurs communes et partagées contenues dans une charte appelée: Charte mondiale des médias libres.

Le processus d’élaboration de cette charte a commencé en 2013 et s’est poursuivi pendant 2 ans à travers plusieurs séminaires internationaux. Ce 4ème forum a permis d’adopter ce document qui définit les médias libres et présente la déontologie et l’éthique qui régulent leur champ d’action.

Qu’est-ce que les médias libres?

Il est important de savoir la particularité des médias libres. Selon la charte, les médias alternatifs ou les médias libres désignent les“pratiques communes fondées sur la recherche de l’autonomie vis-à-vis des logiques commerciales ou étatiques, sur la lutte contre toute forme de domination et sur la volonté de garantir des espaces d’expression ouverts”. Les adhérents à la charte mondiale des médias libres sont donc des militants d’une nouvelle forme de communication qui échappe au contrôle des pouvoirs politiques et économiques. Ils estiment que ces médias de masse sont des facteurs de déstabilisation et d’aggravation des crises que traverse le monde. Les médias alternatifs donnent la parole aux populations marginalisées et exclues des médias classiques, hégémoniques et traditionnels.

De la responsabilité des médias libres

Les acteurs des médias alternatifs se sont engagés, entre autre, à travailler pour la souveraineté technologique, à être solidaire des transitions sociales, économiques, écologiques et démocratiques, à mettre en avant d’autres manières de vivre, d’autres représentations du monde et à encourager de nouvelles formes de participation et d’engagement politique.

C’est une lourde responsabilité surtout vis à vis des peuples opprimés. J’ai participé à une activité organisée par les Palestiniens, les peuples du Sahara Occidental et les Kurdes. Ces peuples s’estiment abandonner à leur triste sort. Car, les véritables informations leur concernant ne sont pas vendables dans les médias soumis aux pouvoirs politiques et économiques. L’objectif de leur participation au Forum Social Mondial était d’attirer l’attention des médias alternatifs sur leur souffrance et leur lutte de résistance.

De la vulgarisation de la charte

Les activistes invitent à la mobilisation pour faire des plaidoyers et de concevoir la charte comme un outils pédagogique et d’apprentissage , en organisant des débats et des forums de discussion sur les médias et Internet libres.

Au cours des débats, j’ai plaidé pour l’impliquer de nos réseaux locaux dans la dynamique mondiale et la vulgarisation de la charte. Cette mobilisation est possible avec la collaboration de l’Institut Panos de l’Afrique de l’Ouest qui est un des partenaires du FMML.

Il faut ce pendant noter que la charte n’étant qu’une déclaration, sa force résidera dans la capacité des activistes à s’organiser et à se mobiliser à travers le monde pour défendre les acteurs des médias libres dans des situations périlleuses.


Six mois de prison pour un trafiquant d’animaux protégés

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Arrestation du trafiquant

Le Tribunal de Première Instance de Dixinn vient de rendre sa décision dans une affaire de détention et commercialisation d’animaux vivant intégralement protégés. La peine maximale selon la loi : six (6) mois de prison ferme.

Cette condamnation a été prononcée contre Adamo Cissé, un trafiquant d’espèces animales intégralement protégées par la loi faunique Guinéenne. Le 23 janvier 2015 Adamo a été interpellé par les agents d’INTERPOL avec l’aide de Guinée-Application de la Loi Faunique (GALF) qui appuie le Ministère de l’Environnement dans la lutte contre la criminalité faunique. Il était alors en possession de soixante (60) tortues, quatre (4) crocodiles et quatre (4) peaux de python. Selon le code faunique, la détention ou la circulation de l’une de ces espèces qui sont intégralement protégées est passible d’une peine d’emprisonnement allant de 3 à 6 mois. Ces animaux font partie de ceux menacés d’extinction et protégés sur le plan international par la convention CITES ratifiée par la Guinée.

Le tribunal de Dixinn a donc fait application de la loi en condamnant Adamo à 6 mois de prison ferme, 80.000 gnf d’amende et 20.000.000 gnf de dommages et intérêts au profit du Ministère de l’Environnement qui s’est constitué partie civile.

Celle-ci est sans doute une condamnation exemplaire qui devrait dissuader les trafiquants et freiner la capture des animaux dans leur milieu naturel pour les vendre sur les marchés noirs à Conakry, à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Il faut savoir que ce genre de trafic est courant dans le pays. Seules de fortes décisions légales permettront d’enrayer cette activité illicite qui détruit le patrimoine faunique Guinéen.

Il faut rappeler, enfin, que les animaux qui avaient été saisis avait été mis à la disposition de la Direction Nationale des Eaux et Forêts qui les avait aussitôt relâchés dans le Parc National du Badiar avec l’appui du GALF.


Communiqué: Arrestation du blogueur @sbskalan à Labé

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Sally Bilaly Sow

Un membre actif de l’Association des Blogueurs de Guinée (Ablogui) a été arrêté ce 03 février 2015 par les militaires à Labé. Il a été brutalisé et légèrement blessé.

Depuis quelques jours cette ville vit au rythme des manifestations émaillées de violence. Sally Bilaly Sow qui a été libéré le lendemain, relaie en direct et en image sur les médias sociaux ce qui se passe dans les rues et les quartiers de Labé. Ce blogueur très engagé est devenu l’œil vigilant des médias et des citoyens attentifs à l’actualité nationale. Il travaille dans l’indépendance totale en ne rapportant que les faits dont il est témoin oculaire.

Notre réseau, Ablogui, lui apporte tout son soutien et l’encourage à poursuivre son travail de reporter citoyen.

Nous rappelons aux autorités de Labé leur devoir de garantir sa sécurité, celle de tous nos concitoyens et de leurs biens contre toute forme de violence. Il est de leur rôle régalien de ramener au plus vite la quiétude dans la cité.

Ce message est aussi une alerte aux membres du réseau pour se préparer à une éventuelle action coordonnée au cas où @sbskalan serait de nouveau inquiété.

Il faut noter également que ceci est un test raté par @ablogui qui devait en être informé à l’instant et agir avec promptitude. Nous devons donc réfléchir à un mécanisme d’alerte et de défense des membres du réseau dans de telle situation.

Bon courage à Sally et à tous les abloguinéns.

@sanikayi


Un présumé trafiquant d’animaux protégés arrêté à Conakry

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Ce vendredi 23 janvier, un présumé trafiquant d’animaux protégés a été arrêté par les agents d’Interpol à Kipé, commune de Ratoma.

Cette opération est le fruit de la collaboration entre les services de sécurité, le Ministère de l’environnement et le projet Guinée-Application de la Loi Faunique (GALF) qui lutte contre la criminalité faunique.

Adama Cissé a été interpellé avec 60 tortues, 4 crocodiles et 4 peaux de python. Ces animaux sont tous des espèces intégralement protégées par les lois Guinéennes et la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES). Par conséquent, la détention de ces espèces mortes ou vives -et même de leurs trophées- est formellement interdite.

Ces animaux vivants qui ont été saisis à savoir les tortues et les crocodiles sont mis à la disposition de la Direction Nationale des Eaux et Forêts afin de les lâcher dans les aires protégées. Le présumé trafiquant quant à lui est actuellement gardé à vue dans les locaux de la Direction de la Police Judiciaire en attendant son déferrement au parquet du tribunal de première instance de Dixinn.

Conforment à la loi Guinéenne sur la faune, il risque une peine allant de 3 à 6 mois de prison.


Libération illégale d’un des plus grands trafiquants fauniques

Les efforts inestimables consentis par le BCN d’Interpol, le ministère de l’Environnement et le projet Guinée-application de la loi faunique (Galf) sont mis à rude épreuve avec la libération de Ousmane Diallo. Une décision de Sékouba Condé, substitut du procureur général près la Cour d’appel de Conakry. Sans l’aval de sa hiérarchie et en violation flagrante de la procédure en la matière, le magistrat a ordonné la libération de Ousmane Diallo un trafiquant faunique de réputation internationale.

Pour sa part, Galf dénonce énergiquement les agissements de Sékouba Condé, substitut du procureur général près la cour d’appel de Conakry, qui a ordonné discrètement, de manière irrégulière et singulière la libération de  Ousmane Diallo alors qu’il purgeait sa peine. Un tel comportement inconvenant de la part d’un magistrat de la République est totalement inacceptable.

Beaucoup d’efforts pour démanteler le réseau de trafiquants fauniques

En janvier 2013, après plus de dix mois d’investigations intenses sur un réseau de trafic international de primates, Interpol a procédé à l’arrestation de deux de ses complices avec l’appui du Galf.  Ousmane Diallo, le commanditaire de ce réseau s’était enfui. Ils étaient tous poursuivis pour flagrant délit de détention d’espèces animales intégralement protégées, importation d’animaux vivant sans certificat d’exportation du pays d’origine en violation des dispositions de la loi L/97/038/AN portant code de protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse.

Ousmane Diallo avait admis avoir vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994 ainsi que des lions vivants, hyènes, panthères et des milliers d’oiseaux, ce qui fait probablement de lui le plus important trafiquant de grands singes jamais poursuivi en Afrique.

Suite à cette arrestation, les deux complices ont été déférés au tribunal de ^première instance de Dixinn où ils ont été jugés et condamnés- le 23 juillet 2013 –  à six mois de prison. Quant à Ousmane Diallo, en fuite, il avait été condamné par défaut à un an d’emprisonnement, 150 000 GNF d’amende et au payement de 50 000 000 GNF (7,200 USD) de dommages et intérêt.

Après six mois de recherche,  il a finalement été arrêté et placé en détention suite au mandat d’arrêt décerné par le même tribunal. Il a fait opposition de la décision et a été rejugé de façon contradictoire. Le 2eprocès ainsi engagé s’est soldé par la condamnation du prévenu – le 5 novembre 2013-  à six mois de prison ferme, 150 000 GNF d’amende et au paiement de 120 000 000 GNF soit 17, 200 US dollars de dommages et intérêt au profit du ministère de l’Environnement qui s’est constitué partie civile. Son avocat a fait appel de cette décision et l’affaire est pendante à la cour d’appel de Conakry depuis le 19 décembre 2013.

De la libération illégale de Ousmane Diallo par  Sékouba Condé

En dépit de la bonne volonté et la détermination de certains magistrats pour l’application correcte de la loi faunique, d’autres travaillent la nuit pour défaire ce que font leurs collègues le jour.

Le 10 janvier 2014, Galf a appris avec stupéfaction la libération du détenu qui semble avoir eu lieu fin novembre. Aucun accès n’était autorisé à la prison centrale après le 19 novembre, rendant les visites de prison difficile. Cette mesure de l’administration pénitentiaire faisait suite à l’éclaboussement d’un cas typique de libération illégale d’un présumé assassin. Et pourtant durant toute la période qui s’est écoulée, l’administration pénitentiaire a toujours confirmé la présence d’Ousmane Diallo.

Afin de faire la lumière sur cette libération et avoir des preuves suffisantes, Galf a demandé le service d’un cabinet d’huissiers pour faire le constat. Le procès-verbal du constat fait état de la libération de Ousmane Diallo, le 21 novembre 2013, suite à un ordre de libération du procureur général signé par ordre d’un de ses substituts généraux en l’occurrence Mr Sékouba Condé.

Pour s’assurer de la régularité de cet acte, Galf a saisi le procureur général près la cour d’appel avec l’appui du point focal de lutte contre la criminalité faunique du ministère de la Justice en l’occurrence Mr Mamadou Dian Bora Diallo, substitut du procureur du tribunal de première instance de Kaloum. Le procureur général a clairement décliné sa responsabilité et dit ne pas être au courant de cette libération.

Il est donc clair que son substitut Sékouba Condé a pris cette décision seul et en violation des règles de procédure en la matière.

Cette libération est illégale puisqu’en la matière, seule la cour sur appel – non un substitut général- a la faculté de donner main levée du mandat de dépôt émis par le tribunal et ce par décision spéciale et motivée.

Toutefois, le ministère de l’Environnement et Galf avec l’appui de ses partenaires sont loin de lâcher prise dans cette affaire. Des démarches sont  entreprises auprès de la cour d’appel afin que ce trafiquant d’envergure internationale réponde de ses actes et subisse la rigueur de la loi. Ainsi, selon l’avocat général en charge du dossier et en vertu de la cédule de citation signifiée au prévenu, la première audience en appel se tiendra ce lundi 10 février 2014, ce qui marquera le 3e jugement à son encontre.

Les garanties seront prises pour veiller sur la procédure afin que le droit soit dit. Il va sans dire que ce nouveau procès sera encore suivi avec attention par la communauté internationale.

La Guinée a été identifiée comme étant la plaque tournante du trafic de grands singes vivants à l’échelle internationale, ainsi que d’autres espèces animales protégées. En mars 2013, elle a été sanctionnée par une suspension du commerce des espèces listées par la CITES  (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), suite à une très mauvaise gestion dans la mise en œuvre de cette convention internationale. En effet, de nombreux permis CITES frauduleux ont été délivrés par la Guinée pour exporter des animaux, facilitant ainsi le commerce illégal d’espèces protégées. En mars 2012, Interpol a révélé qu’au moins 130 chimpanzés et 10 gorilles ont été exportés illégalement de la Guinée durant les trois dernières années, principalement vers la Chine.


Condamnation d’un trafiquant d’ivoire à Conakry

Kaba entouré par les agents d’Interpol et un agent assermenté du Ministère de l’environnement

Le tribunal de première instance de Dixinn vient de condamner un trafiquant d’ivoire à 19 jours d’emprisonnement. Une peine très faible qui relance la question de la nécessité de réviser le code faunique Guinéen.  

Mamadou Kaba, un trafiquant d’ivoire dont la profession connue est la vente d’objets d’art sculptés en bois, a été arrêté le 28 novembre dernier par Interpol avec l’appui du projet GALF (Guinée – Application de la Loi Faunique) et le Ministère de l’Environnement. Cette interpellation a lieu à Nongo dans la commune de Ratoma. Ce délinquant faunique était en possession de 43 pièces de bijoux en ivoire.
Poursuivi pour détention, circulation et importation de trophée d’espèce animale intégralement protégée par la loi Guinéenne, Mamadou Kaba a été traduit devant le tribunal de première instance de Dixinn le 10 décembre 2013. Ayant reconnu les faits à la barre, le tribunal a délibéré sur l’affaire ce mercredi 18 décembre. Il le condamne 19 jours d’emprisonnement, 90.000 GNF d’amende et 6.500.000 GNF (930 US dollars) à titre de dommage et intérêt pour le Ministère de l’Environnement qui s’est constitué partie civile. Une peine très faible pour dissuader les trafiquants d’un commerce aussi lucratif.
Le juge Mangadouba Sow qui, comme pour commenter sa décision, a contextualisé la lutte internationale pour la protection des espèces animales en voie de disparition. Il dira que « dans les temps mémoriaux, tuer un éléphant ou un lion était un acte de bravoure. Capturer un chimpanzé pour l’apprivoiser relevait du loisir. Mais aujourd’hui, détenir un trophée d’éléphant relève de la délinquance »….
Alors, il faut reconnaître que si les temps ont changé nos textes de loi devraient également changer en tenant compte des enjeux actuels. Malheureusement tel n’est pas encore le cas. Le code de protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse a été voté par l’Assemblée Nationale depuis 1997. Jusqu’à ce jour, cette loi n’a jamais été révisée. Avec la multiplication des réseaux de trafics professionnalisés, l’internationalisation de ce commerce illicite et très lucratif, il est clair que les menaces qui pèsent sur notre patrimoine faunique ne peuvent pas être efficacement freinées avec des peines aussi faibles prévues par ce code.
Et pourtant, au détriment du patrimoine faunique mondial, les trafiquants comme Mamadou Kaba s’enrichissent illicitement grâce au commerce international d’ivoire. Avec l’aide de GALF qui identifie et facilite l’arrestation des délinquants fauniques, les investigations sur Kaba ont révélé qu’il s’agit d’un trafiquant ayant des connexions internationales avec des fournisseurs dans la sous-région, notamment au Bénin. Les objets d’ivoire saisi au cours de l’opération qu’il avait mis sur le marché Guinéen proviennent de Cotonou. L’objectif du GALF est de créer un contexte dissuasif au crime faunique en Guinée. Son arrestation a d’ailleurs permis de confirmer l’efficacité de GALF sur le terrain,  en dépit de ces difficultés juridiques, car aujourd’hui la peur est grandissante au sein des réseaux de trafic à Conakry. Cette dissuasion est due aux différentes opérations ayant abouti à des arrestations, des jugements et surtout des peines d’emprisonnement bien que celles-ci ne soient pas à la hauteur des crimes commis.
La clémence du Juge est incompréhensible à plusieurs égards, d’une part car la loi prévoit 3 mois minimum à 6 mois d’emprisonnement (article 164 du code de faune) et d’autre part car l’affaire a prouver à suffisance que Mamadou Kaba est un trafiquant qui fait son business à l’international, possède des stocks d’ivoire cachés, connait parfaitement la nature illégal de son activité et plus grave encore il a expliqué lors des investigations comment il s’organise pour échapper délibérément à l’action d’INTERPOL, développant ainsi de nouveaux modes opératoires pour éviter les arrestations et la perte d’argent en cas de confiscations d’ivoire.  Il a ainsi déclaré : « Maintenant, le marché de l’ivoire est devenu lent à cause d’INTERPOL, ils arrêtent les gens parce que c’est interdit. Avant on faisait sans problème mais maintenant on a peur, c’est à cause de ça qu’on ne revend pas. Et on envoie pas tout à la fois pour ne pas perdre tout le stock en cas d’arrestation». Compte tenu de ces éléments, le juge aurait dû le condamner plus sévèrement.
L’affaire Kaba a également confirmé que les trafiquants qui opèrent à l’international profitent allègrement de la faiblesse des lois Guinéennes. Connaissant la sévérité des sanctions prévues par les lois fauniques dans d’autres pays qu’ils craignent,  ils préfèrent drainer leurs marchandises vers la Guinée qu’ils considèrent alors comme un pays sans risque, un « far west » où ils peuvent se livrer au trafic illégal des espèces en toute impunité. Ce constat s’impose lors que Kaba a déclaré: “J’ai appelé un de mes frères qui est à Cotonou pour lui demander s’il détient des colliers et des boucles d’oreilles. Ce dernier m’a dit oui mais ici à Cotonou c’est risqué car ils arrêtent les gens qui commercialisent l’ivoire…”
Cette déclaration est une évidence. Partout dans le monde, la situation des éléphants est bien connue de tous. Ils font partie des espèces animales fortement menacées d’extinction. En Guinée, le peu de population d’éléphants qui  nous reste est essentiellement conservée dans la forêt classée de Ziama située dans la région forestière. Selon un rapport qui date de mars 2005, cet inventaire estimait le nombre des éléphants à seulement 214.

Alors, avec de telles sanctions décevantes, la révision du code faunique est impérative pour limiter les dégâts !


Condamnation d’un baron de la criminalité faunique par un tribunal de Conakry

OusmaneJe viens de rejoindre un projet inédit en matière de protection de la faune sauvage. Une lutte passionnante engagée par des ONG formées d’activistes qui travaillent avec acharnement pour démanteler des nébuleux réseaux de trafiquants des espèces animales menacées d’extinction. La semaine dernière, l’un des plus grands délinquants a été condamné à six mois de prison ferme par un tribunal de Conakry.
Depuis décembre 1997, notre assemblée nationale a légiféré sur la criminalité faunique. Mais malheureusement cette loi adoptant et promulguant le code de la protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse est rarement appliqué. Le secteur est miné par le laxiste et surtout la corruption dans un trafic qui génère environ 19 milliards de dollars par an. Il devient ainsi le 4ème trafic international le plus lucratif après celui de la drogue, de la traite des êtres humains et la contrebande des produits contrefaits.
A ce jour, la Guinée est considérée comme la plaque tournante de ce commerce international illégal. En mars 2013, elle a été sanctionnée par un suspension du commerce des espèces listées par la CITES suite à une très mauvaise gestion dans la mise en œuvre de cette convention internationale, en effet de nombreux permis CITES frauduleux ont été délivrés par la Guinée pour exporter des animaux, facilitant ainsi le commerce illégal d’espèces protégées. En mars 2012, Interpol a révélé qu’au moins 130 chimpanzés ont été exportés de la Guinée durant les trois dernières années, principalement vers la Chine. C’est dans ce contexte que GALF vient de remporter une importante victoire. En 2012, elle a mené des investigations sur Ousmane Diallo, qui est un délinquant faunique d’une réputation internationale. Dans une de ses nombreuses déclarations dans lesquelles il vantait ses exploits dans cette activité qu’il exerçait en toute connaissance de cause et dans l’illégalité totale, il affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994. Il a également importé, exporté et commercialisé sans aucune autorisation des hyènes, des lions, des autruches et plusieurs autres d’espèces animales intégralement protégées par la loi Guinéenne et la convention de CITES.
Guinée – Application de la Loi Faunique (GALF) qui est un partenaire technique du Ministère de l’environnement travaille pour relever ces nombreux défis. C’est un projet calqué sur le modèle de LAGA, le projet mère, installé au Cameroun. Vu les nombreux résultats produits en Afrique, ces projets portés par un puissant réseaux d’ONG restent unique en leur genre.

En janvier 2013, Ousmane a réussi à sortir entre les mailles du filet de l’Interpol. Trois de ses complices ont été arrêtés, jugés et condamnés à 6 mois de prison ferme. Le jugement rendu par défaut à l’encontre d’Ousmane, qui avait pris la poudre d’escampette, le condamnait à un an d’emprisonnement. Arrêté en août 2013, il a fait opposition à ce jugement rendu à son encontre et il fut libéré conformément à la loi. Il vient d’être rejugé par le tribunal de Dixinn. Après plusieurs audiences correctionnelles, le juge Mangadouba Sow a délibéré le 06 novembre 2013. Le tribunal l’a condamné à 6 mois de prison ferme, 150 milles GNF d’amende et 120 millions GNF de dommages et intérêts. Un des avocat de la partie civile dira: « demander 120 millions GNF à un milliardaire..à quelqu’un qui affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés à raison de 1,500 dollars l’unité et plusieurs autres espèces animales exotiques de grande valeur…c’est vraiment insignifiant par rapport aux dommages qu’il a causé au patrimoine faunique Guinéen ».

 Au delà de l’immense satisfaction que nous procure l’infliction de cette sanction dissuasive, l’allocation d’une telle somme à l’Etat et ce par le travail d’une ONG constitue un geste rarissime.
Saidou Barry, assistant-administrateur de GALF, se réjouit de cette victoire qui suscite les mêmes réactions sur le plan international. Pour lui, « l’aboutissement de cette affaire est un signal fort pour les trafiquants qui pensent échapper à la rigueur de la loi faunique par des stratégies comme la fuite, le trafic d’influence et la corruption. L’esprit de GALF est d’user de tous les moyens légaux pour mettre les malfrats derrière les barreaux. Après plus de 20 ans d’activités illégales, 8 mois de fuite Ousmane a fini par tomber. Donc je dirai que l’application de la loi est possible en Guinée. Il suffit juste d’une réelle volonté et commencer à combattre la corruption ».


Ce que les Guinéens doivent savoir sur le blogueur Makaila Nguebla

Le blogueur Makaila Nguebla
Le blogueur Makaila Nguebla

Il a été soumis à des interrogatoires sévères par la police Sénégalaise avant d’être expulsé vers la Guinée. Le courageux et encombrant blogueur Tchadien Makaila Nguebla est arrivé à Conakry dans les conditions catastrophiques que la Toile et les organisations de défense des droits de l’homme… n’arrêtent pas de décrier. Makaila découvre la Guinée pour la première fois mais curieusement, il se trouve qu’il a rendu d’énormes services à nos compatriotes qui se sont refugiés au Sénégal fuyant les périodes chaudes que la Guinée a traversé ces dernières années.

J’ai appris les nouvelles de l’expulsion de Makaila – que je ne connaissais pas – grâce aux tonnes de tweets qui venaient de @lettegubert et de @cypher007 notamment. Dès que j’ai eu les contacts de Makaila, je me suis précipité pour le rencontrer et lui apporter un soutien moral. Quelque part à Conakry, je trouve ce jeune homme très anxieux, sans doute dépassé par les événements. Je me suis présenté à lui et je lui ai  parlé de la forte mobilisation de la blogosphère sénégalaise. Très ému, il cherche à envoyer un tweet:

Il m’a longuement expliqué ce qui lui est arrivé: « Ils ont voulu m’extradé vers le Tchad. D’après les informations que j’ai reçues à partir d’ici, la police m’attendait à l’aéroport de N’Djamena. Alors, même si je ne connais pas la Guinée,  je peux dire que c’est une chance pour moi d’être là. » Ayant compris la gravité de sa situation, j’ai envoyé des tweets pour exprimer mon inquiétude:

Je reste pessimiste quant à la sécurité de Makaila en Guinée. Cependant, je fais confiance à nos autorités et j’ose espérer qu’elles se démarqueront du Sénégal et de la Tunisie en résistant à la pression tchadienne.

Car Makaila a été le premier à rendre service aux Guinéens qui se trouvaient dans des situations semblables au Sénégal. Je l’ai su à travers Lamine Kaba, le président de l’Action de la Jeunesse Guinéenne pour l’Aide au Développement et à la Prospérité (AJGADEP). Cette association créée par la diaspora guinéenne se trouvant au Sénégal est très active depuis 2006. C’est dans les médias que Lamine Kaba, actuellement à Conakry, a appris les nouvelles de l’expulsion de Makaila :

« Quand j’ai entendu que le Sénégal a expulsé Makaila, j’étais vraiment bouleversé. Je connais très bien ce journaliste qui a apporté tout son soutien à notre association à Dakar. C’est pourquoi j’ai cherché à le rencontrer pour témoigner de tout ce qu’il a fait pour les Guinéens », dit-il.

Le Président de l’AJGADEP poursuit son témoignage : « En juin 2006, la manifestation des élèves à l’approche du Bac a été réprimée à Conakry, faisant des morts et plusieurs blessés. Notre association a évacué une dizaine de blessés pour les soigner au Sénégal. Un jour, nous avons organisé une manifestation devant l’ambassade de Guinée à Dakar. La police est venue nous arrêter. Makaila faisait partie des journalistes qui sont venus nous interviewer. Il s’est montré très sensible à la cause que nous défendions. Je me rappelle que le Président Alpha Condé, opposant à l’époque, est intervenu auprès de son ami Ousmane N’Gom qui était le ministre de l’administration pour notre libération…

Et ce n’est pas tout. Pendant les crises de 2007, nous avons également évacué plusieurs blessés dans les mêmes conditions. Makaila a joué un grand rôle en cette occasion. Nous, étudiants, nous n’avions pas de moyens. Il fallait communiquer pour mobiliser la diaspora, les institutions et les ONG pour lever des fonds d’aide à ces victimes. A chaque fois qu’on  en avait besoin, Makaila nous invitait dans son émission « Bande des refusés » qu’il aminait à la radio Manoro FM. Cela nous a beaucoup aidé dans nos démarches…

Ce qui m’a surtout marqué, c’est le soutien qu’a apporté Makaila aux victimes du massacre du 28 septembre. Lorsque les femmes victimes de viol sont arrivées à Dakar, c’est encore Makaila en personne qui a mené des démarches pour leur trouver un logement pendant qu’elles n’en avaient pas. Je peux dire donc que c’est quelqu’un qui doit être soutenu par tous les Guinéens », conclut-il en substance.

Makaila Nguebla a besoin du soutien de la Guinée

Ce témoignage prouve à suffisance que Makaila est, au delà d’être blogueur, un humanitaire qui a longtemps rendu service à la Guinée sans imaginer un seul instant qu’il aurait besoin de la protection de l’Etat guinéen et du soutien de tous les Guinéens.

Les autorités guinéennes doivent lui retourner l’ascenseur au plus vite. Elles doivent mettre fin à son insécurité judiciaire en lui accordant l’asile politique pour ouvrir la voie à d’autres démarches lui permettant de se mettre à l’abri de l’acharnement du régime d’Idris Déby. Je reste convaincu que la Guinée peut bien refuser de le livrer à N’Djamena, mais elle ne pourra pas empêcher Idris Déby qui a influencé la Tunisie et le Sénégal d’attenter à la vie du blogueur, qu’il recherche depuis plusieurs années.

Je ne suis pas le seul à partager cet avis. Depuis son arrivée, il bénéficie du soutien indéfectible du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), des organisations de défense des droits humains et de la solidarité de la presse. Aziz Diop, secrétaire exécutif du CNOSCG, est aussi inquiet que moi :

Aussi, il faut dire que Makaila a été très touché par la façon dont Kalifa Gassama Diaby, ministre des droits de l’homme, l’a reçu dans son bureau. J’ai fait un livetweeting autour de ce périple que nous avons fait ensemble avec les responsables du CNOSCG. En voici quelques tweets :