N'allons pas si loin
        19. déc.
        2013
        Conakry
        1

        Condamnation d’un trafiquant d’ivoire à Conakry

        Kaba entouré par les agents d’Interpol et un agent assermenté du Ministère de l’environnement

        Le tribunal de première instance de Dixinn vient de condamner un trafiquant d’ivoire à 19 jours d’emprisonnement. Une peine très faible qui relance la question de la nécessité de réviser le code faunique Guinéen.  

        Mamadou Kaba, un trafiquant d’ivoire dont la profession connue est la vente d’objets d’art sculptés en bois, a été arrêté le 28 novembre dernier par Interpol avec l’appui du projet GALF (Guinée – Application de la Loi Faunique) et le Ministère de l’Environnement. Cette interpellation a lieu à Nongo dans la commune de Ratoma. Ce délinquant faunique était en possession de 43 pièces de bijoux en ivoire.
        Poursuivi pour détention, circulation et importation de trophée d’espèce animale intégralement protégée par la loi Guinéenne, Mamadou Kaba a été traduit devant le tribunal de première instance de Dixinn le 10 décembre 2013. Ayant reconnu les faits à la barre, le tribunal a délibéré sur l’affaire ce mercredi 18 décembre. Il le condamne 19 jours d’emprisonnement, 90.000 GNF d’amende et 6.500.000 GNF (930 US dollars) à titre de dommage et intérêt pour le Ministère de l’Environnement qui s’est constitué partie civile. Une peine très faible pour dissuader les trafiquants d’un commerce aussi lucratif.
        Le juge Mangadouba Sow qui, comme pour commenter sa décision, a contextualisé la lutte internationale pour la protection des espèces animales en voie de disparition. Il dira que « dans les temps mémoriaux, tuer un éléphant ou un lion était un acte de bravoure. Capturer un chimpanzé pour l’apprivoiser relevait du loisir. Mais aujourd’hui, détenir un trophée d’éléphant relève de la délinquance »….
        Alors, il faut reconnaître que si les temps ont changé nos textes de loi devraient également changer en tenant compte des enjeux actuels. Malheureusement tel n’est pas encore le cas. Le code de protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse a été voté par l’Assemblée Nationale depuis 1997. Jusqu’à ce jour, cette loi n’a jamais été révisée. Avec la multiplication des réseaux de trafics professionnalisés, l’internationalisation de ce commerce illicite et très lucratif, il est clair que les menaces qui pèsent sur notre patrimoine faunique ne peuvent pas être efficacement freinées avec des peines aussi faibles prévues par ce code.
        Et pourtant, au détriment du patrimoine faunique mondial, les trafiquants comme Mamadou Kaba s’enrichissent illicitement grâce au commerce international d’ivoire. Avec l’aide de GALF qui identifie et facilite l’arrestation des délinquants fauniques, les investigations sur Kaba ont révélé qu’il s’agit d’un trafiquant ayant des connexions internationales avec des fournisseurs dans la sous-région, notamment au Bénin. Les objets d’ivoire saisi au cours de l’opération qu’il avait mis sur le marché Guinéen proviennent de Cotonou. L’objectif du GALF est de créer un contexte dissuasif au crime faunique en Guinée. Son arrestation a d’ailleurs permis de confirmer l’efficacité de GALF sur le terrain,  en dépit de ces difficultés juridiques, car aujourd’hui la peur est grandissante au sein des réseaux de trafic à Conakry. Cette dissuasion est due aux différentes opérations ayant abouti à des arrestations, des jugements et surtout des peines d’emprisonnement bien que celles-ci ne soient pas à la hauteur des crimes commis.
        La clémence du Juge est incompréhensible à plusieurs égards, d’une part car la loi prévoit 3 mois minimum à 6 mois d’emprisonnement (article 164 du code de faune) et d’autre part car l’affaire a prouver à suffisance que Mamadou Kaba est un trafiquant qui fait son business à l’international, possède des stocks d’ivoire cachés, connait parfaitement la nature illégal de son activité et plus grave encore il a expliqué lors des investigations comment il s’organise pour échapper délibérément à l’action d’INTERPOL, développant ainsi de nouveaux modes opératoires pour éviter les arrestations et la perte d’argent en cas de confiscations d’ivoire.  Il a ainsi déclaré : « Maintenant, le marché de l’ivoire est devenu lent à cause d’INTERPOL, ils arrêtent les gens parce que c’est interdit. Avant on faisait sans problème mais maintenant on a peur, c’est à cause de ça qu’on ne revend pas. Et on envoie pas tout à la fois pour ne pas perdre tout le stock en cas d’arrestation». Compte tenu de ces éléments, le juge aurait dû le condamner plus sévèrement.
        L’affaire Kaba a également confirmé que les trafiquants qui opèrent à l’international profitent allègrement de la faiblesse des lois Guinéennes. Connaissant la sévérité des sanctions prévues par les lois fauniques dans d’autres pays qu’ils craignent,  ils préfèrent drainer leurs marchandises vers la Guinée qu’ils considèrent alors comme un pays sans risque, un « far west » où ils peuvent se livrer au trafic illégal des espèces en toute impunité. Ce constat s’impose lors que Kaba a déclaré: “J’ai appelé un de mes frères qui est à Cotonou pour lui demander s’il détient des colliers et des boucles d’oreilles. Ce dernier m’a dit oui mais ici à Cotonou c’est risqué car ils arrêtent les gens qui commercialisent l’ivoire…”
        Cette déclaration est une évidence. Partout dans le monde, la situation des éléphants est bien connue de tous. Ils font partie des espèces animales fortement menacées d’extinction. En Guinée, le peu de population d’éléphants qui  nous reste est essentiellement conservée dans la forêt classée de Ziama située dans la région forestière. Selon un rapport qui date de mars 2005, cet inventaire estimait le nombre des éléphants à seulement 214.

        Alors, avec de telles sanctions décevantes, la révision du code faunique est impérative pour limiter les dégâts !

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        08. nov.
        2013
        Conakry
        0

        Condamnation d’un baron de la criminalité faunique par un tribunal de Conakry

        OusmaneJe viens de rejoindre un projet inédit en matière de protection de la faune sauvage. Une lutte passionnante engagée par des ONG formées d’activistes qui travaillent avec acharnement pour démanteler des nébuleux réseaux de trafiquants des espèces animales menacées d’extinction. La semaine dernière, l’un des plus grands délinquants a été condamné à six mois de prison ferme par un tribunal de Conakry.
        Depuis décembre 1997, notre assemblée nationale a légiféré sur la criminalité faunique. Mais malheureusement cette loi adoptant et promulguant le code de la protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse est rarement appliqué. Le secteur est miné par le laxiste et surtout la corruption dans un trafic qui génère environ 19 milliards de dollars par an. Il devient ainsi le 4ème trafic international le plus lucratif après celui de la drogue, de la traite des êtres humains et la contrebande des produits contrefaits.
        A ce jour, la Guinée est considérée comme la plaque tournante de ce commerce international illégal. En mars 2013, elle a été sanctionnée par un suspension du commerce des espèces listées par la CITES suite à une très mauvaise gestion dans la mise en œuvre de cette convention internationale, en effet de nombreux permis CITES frauduleux ont été délivrés par la Guinée pour exporter des animaux, facilitant ainsi le commerce illégal d’espèces protégées. En mars 2012, Interpol a révélé qu’au moins 130 chimpanzés ont été exportés de la Guinée durant les trois dernières années, principalement vers la Chine. C’est dans ce contexte que GALF vient de remporter une importante victoire. En 2012, elle a mené des investigations sur Ousmane Diallo, qui est un délinquant faunique d’une réputation internationale. Dans une de ses nombreuses déclarations dans lesquelles il vantait ses exploits dans cette activité qu’il exerçait en toute connaissance de cause et dans l’illégalité totale, il affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés depuis 1994. Il a également importé, exporté et commercialisé sans aucune autorisation des hyènes, des lions, des autruches et plusieurs autres d’espèces animales intégralement protégées par la loi Guinéenne et la convention de CITES.
        Guinée – Application de la Loi Faunique (GALF) qui est un partenaire technique du Ministère de l’environnement travaille pour relever ces nombreux défis. C’est un projet calqué sur le modèle de LAGA, le projet mère, installé au Cameroun. Vu les nombreux résultats produits en Afrique, ces projets portés par un puissant réseaux d’ONG restent unique en leur genre.

        En janvier 2013, Ousmane a réussi à sortir entre les mailles du filet de l’Interpol. Trois de ses complices ont été arrêtés, jugés et condamnés à 6 mois de prison ferme. Le jugement rendu par défaut à l’encontre d’Ousmane, qui avait pris la poudre d’escampette, le condamnait à un an d’emprisonnement. Arrêté en août 2013, il a fait opposition à ce jugement rendu à son encontre et il fut libéré conformément à la loi. Il vient d’être rejugé par le tribunal de Dixinn. Après plusieurs audiences correctionnelles, le juge Mangadouba Sow a délibéré le 06 novembre 2013. Le tribunal l’a condamné à 6 mois de prison ferme, 150 milles GNF d’amende et 120 millions GNF de dommages et intérêts. Un des avocat de la partie civile dira: « demander 120 millions GNF à un milliardaire..à quelqu’un qui affirme avoir vendu plus de 500 chimpanzés à raison de 1,500 dollars l’unité et plusieurs autres espèces animales exotiques de grande valeur…c’est vraiment insignifiant par rapport aux dommages qu’il a causé au patrimoine faunique Guinéen ».

         Au delà de l’immense satisfaction que nous procure l’infliction de cette sanction dissuasive, l’allocation d’une telle somme à l’Etat et ce par le travail d’une ONG constitue un geste rarissime.
        Saidou Barry, assistant-administrateur de GALF, se réjouit de cette victoire qui suscite les mêmes réactions sur le plan international. Pour lui, « l’aboutissement de cette affaire est un signal fort pour les trafiquants qui pensent échapper à la rigueur de la loi faunique par des stratégies comme la fuite, le trafic d’influence et la corruption. L’esprit de GALF est d’user de tous les moyens légaux pour mettre les malfrats derrière les barreaux. Après plus de 20 ans d’activités illégales, 8 mois de fuite Ousmane a fini par tomber. Donc je dirai que l’application de la loi est possible en Guinée. Il suffit juste d’une réelle volonté et commencer à combattre la corruption ».

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        Article : Ce que les Guinéens doivent savoir sur le blogueur Makaila Nguebla
        Guinée
        6
        16 mai 2013

        Ce que les Guinéens doivent savoir sur le blogueur Makaila Nguebla

        Le blogueur Makaila Nguebla
        Le blogueur Makaila Nguebla

        Il a été soumis à des interrogatoires sévères par la police Sénégalaise avant d’être expulsé vers la Guinée. Le courageux et encombrant blogueur Tchadien Makaila Nguebla est arrivé à Conakry dans les conditions catastrophiques que la Toile et les organisations de défense des droits de l’homme… n’arrêtent pas de décrier. Makaila découvre la Guinée pour la première fois mais curieusement, il se trouve qu’il a rendu d’énormes services à nos compatriotes qui se sont refugiés au Sénégal fuyant les périodes chaudes que la Guinée a traversé ces dernières années.

        J’ai appris les nouvelles de l’expulsion de Makaila – que je ne connaissais pas – grâce aux tonnes de tweets qui venaient de @lettegubert et de @cypher007 notamment. Dès que j’ai eu les contacts de Makaila, je me suis précipité pour le rencontrer et lui apporter un soutien moral. Quelque part à Conakry, je trouve ce jeune homme très anxieux, sans doute dépassé par les événements. Je me suis présenté à lui et je lui ai  parlé de la forte mobilisation de la blogosphère sénégalaise. Très ému, il cherche à envoyer un tweet:

        je suis en compagnie de @sanikayi.merci @cypher007 et a tous de votre soutien.#FreeMakaila

        — Makaila Nguebla (@Makbololo) 9 mai 2013

        Il m’a longuement expliqué ce qui lui est arrivé: « Ils ont voulu m’extradé vers le Tchad. D’après les informations que j’ai reçues à partir d’ici, la police m’attendait à l’aéroport de N’Djamena. Alors, même si je ne connais pas la Guinée,  je peux dire que c’est une chance pour moi d’être là. » Ayant compris la gravité de sa situation, j’ai envoyé des tweets pour exprimer mon inquiétude:

        @btanou1 Croyez-moi @makbololo n’est pas du tout en sécurité en #Guinée. Ici, il peut être exposé au pire. #FreeMakaila #GuinéeVote

        — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 9 mai 2013

        Je reste pessimiste quant à la sécurité de Makaila en Guinée. Cependant, je fais confiance à nos autorités et j’ose espérer qu’elles se démarqueront du Sénégal et de la Tunisie en résistant à la pression tchadienne.

        Car Makaila a été le premier à rendre service aux Guinéens qui se trouvaient dans des situations semblables au Sénégal. Je l’ai su à travers Lamine Kaba, le président de l’Action de la Jeunesse Guinéenne pour l’Aide au Développement et à la Prospérité (AJGADEP). Cette association créée par la diaspora guinéenne se trouvant au Sénégal est très active depuis 2006. C’est dans les médias que Lamine Kaba, actuellement à Conakry, a appris les nouvelles de l’expulsion de Makaila :

        « Quand j’ai entendu que le Sénégal a expulsé Makaila, j’étais vraiment bouleversé. Je connais très bien ce journaliste qui a apporté tout son soutien à notre association à Dakar. C’est pourquoi j’ai cherché à le rencontrer pour témoigner de tout ce qu’il a fait pour les Guinéens », dit-il.

        Le Président de l’AJGADEP poursuit son témoignage : « En juin 2006, la manifestation des élèves à l’approche du Bac a été réprimée à Conakry, faisant des morts et plusieurs blessés. Notre association a évacué une dizaine de blessés pour les soigner au Sénégal. Un jour, nous avons organisé une manifestation devant l’ambassade de Guinée à Dakar. La police est venue nous arrêter. Makaila faisait partie des journalistes qui sont venus nous interviewer. Il s’est montré très sensible à la cause que nous défendions. Je me rappelle que le Président Alpha Condé, opposant à l’époque, est intervenu auprès de son ami Ousmane N’Gom qui était le ministre de l’administration pour notre libération…

        Et ce n’est pas tout. Pendant les crises de 2007, nous avons également évacué plusieurs blessés dans les mêmes conditions. Makaila a joué un grand rôle en cette occasion. Nous, étudiants, nous n’avions pas de moyens. Il fallait communiquer pour mobiliser la diaspora, les institutions et les ONG pour lever des fonds d’aide à ces victimes. A chaque fois qu’on  en avait besoin, Makaila nous invitait dans son émission « Bande des refusés » qu’il aminait à la radio Manoro FM. Cela nous a beaucoup aidé dans nos démarches…

        Ce qui m’a surtout marqué, c’est le soutien qu’a apporté Makaila aux victimes du massacre du 28 septembre. Lorsque les femmes victimes de viol sont arrivées à Dakar, c’est encore Makaila en personne qui a mené des démarches pour leur trouver un logement pendant qu’elles n’en avaient pas. Je peux dire donc que c’est quelqu’un qui doit être soutenu par tous les Guinéens », conclut-il en substance.

        Makaila Nguebla a besoin du soutien de la Guinée

        Ce témoignage prouve à suffisance que Makaila est, au delà d’être blogueur, un humanitaire qui a longtemps rendu service à la Guinée sans imaginer un seul instant qu’il aurait besoin de la protection de l’Etat guinéen et du soutien de tous les Guinéens.

        Les autorités guinéennes doivent lui retourner l’ascenseur au plus vite. Elles doivent mettre fin à son insécurité judiciaire en lui accordant l’asile politique pour ouvrir la voie à d’autres démarches lui permettant de se mettre à l’abri de l’acharnement du régime d’Idris Déby. Je reste convaincu que la Guinée peut bien refuser de le livrer à N’Djamena, mais elle ne pourra pas empêcher Idris Déby qui a influencé la Tunisie et le Sénégal d’attenter à la vie du blogueur, qu’il recherche depuis plusieurs années.

        Je ne suis pas le seul à partager cet avis. Depuis son arrivée, il bénéficie du soutien indéfectible du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), des organisations de défense des droits humains et de la solidarité de la presse. Aziz Diop, secrétaire exécutif du CNOSCG, est aussi inquiet que moi :

        Je partage l’opinion du CNOSCG :Rien ne nous rassure que @makbololo est en sécurité en #Guinée #FreeMakaila

        — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 10 mai 2013

        Aussi, il faut dire que Makaila a été très touché par la façon dont Kalifa Gassama Diaby, ministre des droits de l’homme, l’a reçu dans son bureau. J’ai fait un livetweeting autour de ce périple que nous avons fait ensemble avec les responsables du CNOSCG. En voici quelques tweets :

        @makbololo,Tu as tout mon soutien dit le ministre des droits de l’homme. #FreeMakaila #GuinéeVote — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 10 mai 2013

        @makbololo, tiens ma carte de visite et appelles-moi en cas de besoin dit le ministre Gassama #FreeMakaila #GuinéeVote — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 10 mai 2013

         

        @makbololo, je vais informer le Président #AC de ta situation dit le ministre Gassama#FreeMakaila #GuinéeVote

        — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 10 mai 2013

         

        Moi @makbololo, un petit blogueur reçu par un ministre! C’est impensable #FreeMakaila #GuinéeVote

        — Fode S. Kouyate (@sanikayi) 10 mai 2013

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        27. sept.
        2011
        Politique guinéenne
        2

        Ce mardi 27 septembre, journée à haut risque à Conakry

         

        Auto-route déserte au niveau de Madina

        Sur l’invitation du Premier Ministre, les acteurs de la politique guinéenne se sont concertés hier lundi. Il fallait impérativement convaincre le Collectif à renoncer aux manifestations qu’il organise à partir de ce mardi jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Mais hélas ! Le pouvoir et l’opposition se sont séparés à queue de poisson.

        La conséquence est que cette semaine sera une semaine à haut risque. Le Collectif campe sur sa position de descendre dans la rue. Cette nuit, à partir de 23h déjà, les barrages se sont multipliés à travers la ville. Les pick-up remplis de gendarmes et de policiers quittaient le centre ville pour rejoindre la banlieue. J’ai également été surpris de constater que tous les militaires, y compris les hauts cadres de l’administration militaire, ont passé la nuit dans les camps et non en famille. C’est l’ordre donné par le Général Souleymane Kèlèfa Diallo, chef d’Etat Major Général des armées.

        Maintenant, la question est de savoir ce que cette journée nous réservera. Les militants du Collectif sortiront-ils pour manifester ? Je l’ignore pour le moment. La plupart des boutiques sont fermées au  grand marché Madina, les stations d’essence sont fermées dans certains endroits et les rues presque désertes. A Kaloum, au cœur de l’administration, beaucoup de travailleurs n’ont pas pu se rejoindre le travail même si les banques restent ouvertes.

        Suis-je pour ou contre ces manifestations ?

        Je tiens au respect scrupuleux de la constitution qui consacre le droit de manifester sans pourtant ignorer que celui-ci est assorti de certaines conditions. L’exercice de ce droit et le respect des conditions qui s’y attachent sont des composantes essentielles de la démocratie.

        Mais en tenant compte d’un des problèmes épineux de notre pays, je juge ces manifestations inopportunes. Ce n’est pas seulement en raison de la fragilité de notre situation sociopolitique. Car, celle-ci ne saurait être un argument valable s’il s’est avéré que le pouvoir prend des décisions unilatérales en ce qui concerne l’organisation des élections législatives.

        Ce problème épineux dont je veux parler, c’est la difficile et nécessaire question de Réconciliation Nationale. Je trouve simplement que le collectif a une mauvaise intention que beaucoup d’observateurs ignorent ou négligent. Ils veulent mettre le bâton dans les roues de la Commission de Réflexion sur la Réconciliation Nationale. Le Collectif a beaucoup de réserves quant à la démarche de cette commission crée le 24 juin 2011 par un décret présidentiel. Il y a quelques semaines de cela, la commission a fait une importante déclaration dans laquelle elle a décrété ce 28 septembre comme «  Journée de Pardon à Dieu ». Il faut rappeler que le 28 septembre est devenue une date de gloire et de tragédie. Le 28 septembre 1958 les guinéens ont voté NON à la colonisation française pour devenir indépendante. A la même date du 28 septembre 2009, une manifestation pacifique contre la junte dirigée par le capitaine Dadis a été réprimée dans le sang. Donc la Commission de Réflexion sur la Réconciliation souhaite commencer son travail à cette même date.

        Alors, le choix des mots « … manifestations publiques pacifiques à partir du 27 septembre…. » qui figure dans la déclaration du Collectif est loin d’être anodin. Le premier effet immédiat d’un tel choix est le sabotage  de l’initiative annoncée par cette commission présidée par El hadj Mamadou Saliou Camara (premier Imam de la grande mosquée de Conakry) et Monseigneur Vincent Coulibaly (grand archevêque de Conakry).

        Le collectif réussira-t-il à saboter le processus de réconciliation engagé par la commission de réflexion ?

        Je réponds d’emblée oui ! Ce premier coup d’essai est un coup de maitre. Aujourd’hui, personne ne parle de « Journée de Pardon ». On parle plutôt de manifestation. Alors, puisque ces manifestations se prolongeront au 28 septembre -en tout cas jusqu’à la satisfaction des revendications des manifestants- nous saurons nettement ce que pense le collectif de cette initiative prise par les personnalités religieuses les plus respectées de la Guinée.

        Le Collectif suspendra t-il la manifestation du 28 septembre pour affirmer son soutien aux efforts de réconciliation ? Nous verrons bien ! Mais une chose reste claire : la Commission de Réflexion sur la Réconciliation est durement éprouvée par ces mouvements!

        Je reste impatient de voir comment le Collectif réagira à cette « Journée de Pardon à Dieu » et la façon dont la Commission de Réflexion sur la Réconciliation Nationale réussira à donner un sens à son initiative.

         

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        26. sept.
        2011
        Conakry
        3

        Les tracts appellent les jeunes qui soutiennent le pouvoir d’Alpha Condé à s’attaquer aux manifestants du 27 septembre

         

        Image Google

        Le début de cette semaine s’annonce très troublant en Guinée. A partir de ce mardi 27 septembre, le Collectif des Partis Politiques pour la finalisation de la transition invite leurs militants à descendre dans les rues aussi bien à Conakry qu’à intérieur du pays. Bien que la manifestation soit interdite par les autorités, le Collectif tient à braver l’interdiction. Cependant, des tracts circulent dans les quartiers de Conakry. Les jeunes qui soutiennent le pouvoir sont appelés s’attaquer aux manifestants.

         

        Le pouvoir d’Alpha Condé et le collectif des Partis Politiques pour la finalisation de la transition (qui regroupe une vingtaine de partis de l’opposition) sont à couteaux tiré. Si l’on s’en tient à la déclaration publiée le 19 septembre dernier par le Collectif, l’objectif principal de ces marches pacifiques qui débutent ce 27 septembre est d’amener le pouvoir à rompre le silence. Ils veulent « un dialogue franc et constructif en vue de réunir les conditions de transparence et de crédibilité nécessaires à la tenue des élections législatives dans les meilleurs délais et dans un climat apaisé ». Cependant, les tentions montent d’un cran à Conakry.

        Comment les militants des deux camps réagissent-ils à cette déclaration du Collectif ?

        Beaucoup de militants des partis membres du collectif sont mobilisés dernière leurs leaders. Le samedi dernier, lorsque je me rendais à Hamdalaye, j’ai constaté que le siège de l’Union de Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo était bien rempli de jeunes militants. J’ignore si la même mobilisation se fait autour de Sidya Touré de l’Union des Forces Républicaine (UFR) pour donner plus d’envergure à la manifestation.

        Par contre, la colère est perceptible dans le camp de l’alliance arc-en-ciel regroupant une certaine de partis politiques qui ont porté le Professeur Alpha Condé au pouvoir. Bien que l’Alliance commence à se disloquer, cela m’entame en rien le soutien de ses militants au pouvoir qu’ils ont mis en place. Depuis la publication de la déclaration du Collectif, les tracts provenant de certains mouvements de soutien au pouvoir circulent dans les quartiers de Conakry. Ces mouvements de jeunesse qui soutiennent le pouvoir appellent leurs membres à sortir pour s’attaquer aux manifestants. Sur le papier (titré : Trop c’est trop !) que j’ai sous les yeux, on peut lire ces phrase : « l’union des jeunes pour le changement invite l’ensemble des jeunes à travers toutes ses structures de base à Conakry et à l’intérieur du pays à se mobiliser et à s’unir pour barrer la route aux ennemis de la liberté et de la démocratie…. Les ennemis de la Guinée seront combattus vaille que vaille et jetés dans le nouveau train de la Démocratie… ».

        Faut-il craindre une autre tragédie à la manière du 28 septembre 2008 ?

        Non ! Je n’y crois plus jamais. Mais il faut dire que la situation actuelle porte à croire qu’il y aura inévitablement des affrontements entre pro et anti-pouvoir. Et La confusion ne se militera pas seulement à ce niveau. La manifestation est interdite par les autorités et le gouverneur de Conakry utilise toutes les méthodes de dissuasion. Tantôt il rencontre des  chefs de quartiers pour sensibiliser les mouvements de jeunesse pour qu’ils s’abstiennent de tout mouvement à caractère politique, tantôt il menace à la télévision ceux qui tenteront de sortir dans la rue. Si toute fois aucune des parties à savoir le Collectif et le pouvoir ne lâchera du lest, les prochains jours seront très troublants dans le pays. Malgré l’insistance du Collectif sur le caractère pacifique de la manifestation, je suis convaincu qu’ils perdront le contrôle de la manifestation une fois que leurs militants se retrouveront dans la rue. Ces manifestations seront un premier test pour le régime d’Alpha Condé. Ils prendront le maximum de précaution pour éviter une répression sanglante comme celle du 28 septembre 2008. Par ailleurs, le chef d’Etat Major Général des armées a donné l’ordre aux militaires de rester dans les casernes. Mais la police et la gendarmerie sont sur le qui-vive. Ils procéderont sans doute à leur plus grande vague d’arrestation de manifestants. Donc ce qu’il faut craindre cette fois-ci, c’est bien la justice ensuite la prison !

        Ce dimanche, le Premier Ministre vient de tenir un discours à la télévision nationale. Il invite les partis politiques de l’opposition à une concertation demain lundi. Je souhaite vivement qu’ils se comprennent pour éviter le trouble dans le pays.

         

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        15. sept.
        2011
        Conakry
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        Quel impact pour les institutions de micro-finance en Guinée?

        Siège du crédit rural de Guinée

        Le crédit rural de Guinée est une plus grande institution de micro-finance en Guinée. Des villages aux villages, il couvre l’ensemble du territoire national à travers 120 caisses qui font des opérations d’épargne, crédit et de transfert d’argent dans certains endroits. Aujourd’hui, il l’un des principaux partenaires financiers de nos populations villageoises.

        Dans cette deuxième partie des interviews que j’ai réalisées (pour Konakry Express) sur les activités de micro-finance dans notre pays, le chargé de la communication et de la formation du CRG, Mr Mohamed Sékou Condé, nous parle de l’impact de leur structure dans la lutte contre la pauvreté.

        Mohamed Sékou Condé

        1) Entant qu’institution de micro finance qu’apportez-vous aux populations guinéennes ?

        M.S: Le Crédit Rural de Guinée offre des services financiers de proximité tels que le crédit,    l’épargne et tout récemment le transfert d’argent.

        2) Vous avez parlé de proximité est ce que cela veut dire que vous êtes représentés dans tous les coins de la Guinée ?

        M.S: Bien sûr, nous sommes représentés dans les quatre régions naturelles à travers 11 délégations régionales qui sont les représentations de la direction nationale dans les régions bien déterminées car nous nous n’avons pas tenu compte du découpage administratif mais plutôt de la proximité des sous-préfectures ou des caisses avec les préfectures où se trouvent les délégations. Nous avons 120 caisses ou agences à l’intérieur du pays qui font des activités de crédit et d’épargne.

        3) Quels sont vos clients potentiels, les plus nécessiteux ?

        M.S: Toutes les catégories socioprofessionnelles bénéficient de nos prestations. Nous avons d’abord les paysans, les artisans, les commerçants ensuite les fonctionnaires. Je ne dis pas que les paysans sont les plus visés. Par contre, je dirai que notre intervention se fait en faveur des personnes exclues du système bancaire classique. Naturellement, dans cette catégorisation, les personnes qui sont dans les milieux ruraux seront donc privilégiés car il n’ya pas de banques dans ces milieux. D’ailleurs, à l’origine, c’était Projet Crédit Agricole et Rural de Guinée.

        4) Quels sont les principaux bailleurs de fond du CRG ?

        M.S: Notre principaux bailleur de fond jusqu’en 2009, c’était l’agence française  développement.

        Il ya eu aussi le PNUD, USAID, le PDLV, la coopération allemande qui, chacun à sa manière,

        nous appuient. Quant à l’Etat, il nous accorde certaines faveurs quant aux taxes et l’impôt. Nous avons un régime particulier jusqu’en 2012. Comme vous le savez l’Etat est l’initiateur du CRG et le projet lui appartenait. C’est à partir de 2001 qu’il a été privatisé.

        5) Quel est l’impact du Crédit Rural de Guinée dans la vie des ruraux ?

        M.S: Oui. Les crédits que nous octroyons aux agriculteurs leur permettent d’accroitre les surfaces

        cultivables, d’accéder facilement aux semences, de payer la main d’œuvre et ces crédits les empêchent souvent de vendre leur récolte en herbe. Car, il ya des commerçants qui profitaient de la période de soudure pour donner de l’argent aux paysans qui sont donc obligés de leur vendre en herbe ce qu’ils ont semé avant qu’il soit en maturité. En plus de cela il ya l’amélioration de leur revenus qui leur permet de faire face à la scolarité des enfants et de payer les dépenses de santé. Surtout, il ya l’émancipation des femmes qui est un apport très important du Crédit Rural de Guinée. Les femmes sont devenues des operateurs économiques car elles ont accès à nos crédits au même titre que les hommes et sans intermédiaire. Cela peut se faire de façon groupée ou individuelle quand elles auront acquis un certain niveau dans gestion. Nous avons brisé l’organisation qui était dans les villages qui faisait que ce sont les hommes seulement qui avaient accès aux outils de développement.

        6) Quels sont les critères de souscription à vos crédits ?

        M.S: Le premier critère c’est d’être un résident de la localité, être présenté par un comité de base en tant tel ; avoir l’âge minimum qui est de 18 ans et ne pas être âgé de plus de 65 ans; présenter une activité licite et rentable donc ce n’est pas un crédit social pour aller payer de la dépense.

        7) Quelles sont donc les garanties ?

        M.S: La première garantie au CRG c’est la garantie solidaire : la solidarité entre les membres en commençant par l’unité de base. Quand vous demandez un montant qui dépasse votre âge d’entrée, nous vous demandons de faire vous-même un apport d’environs 25% car c’est un projet que nous finançons ensemble.

        8) A combien s’élève le montant de vos prêts ?

        M.S: Actuellement, nos crédits varient de 500.000 GNF à 20 millions de GNF. Nous le donnons graduellement.

        9) Et quel est le taux d’intérêt que vous appliquez ?

        M.S: Le taux d’intérêt mensuel est de 4% sur les crédits de court terme et de 3,5% sur les crédits de moyen terme.

        10) Quels sont les avantages que présentent les microcrédits par rapport aux prêts bancaires ?

        S.M: Premièrement ce sont des crédits de proximité. Nous avons mis en place des mécanismes beaucoup adaptés à nos réalités, à conditions en essayant de tordre le cou aux grands principes bancaires selon lesquels on ne prête qu’aux riches. Et puis ce sont des crédits de petite taille que les banques n’aimeraient pas donner. Nous sommes plus proches et nos conditions sont allégées par rapport aux banques.

        11) Aujourd’hui, quelles sont les grandes réussites du CRG contre la pauvreté ? En termes d’emploi ?

        S.M: Je pense que la première réussite c’est le fait d’avoir mis en place une culture de crédit à travers tout le pays. Les gens prenaient de l’argent mais ne le remboursait jamais. Le CRG a mis en place une culture de crédit et qui permet aux institutions de s’installer et de donner des crédits qui soient remboursés. Ensuite, dans les zones où nous intervenons, nous permettons aux populations de profiter de nos services sans l’intervention de l’administration.

        Au bas mot, nous sommes trois cents universitaires employés par le CRD sans compter les emplois indirects. Nous accordons également des stages aux étudiants sortant.

        12) Quels sont les difficultés auxquelles vont êtes confrontés ?

        S.M: Les difficultés sont essentiellement liées au retard de remboursement, chose qui crée un certain d’déséquilibre. Et cela s’est accentué ces derniers temps à cause de la situation macro économique du pays. Depuis trois ans la Guinée vie  un rythme infernal d’élection, des différentes contradictions politiques… Donc les activités économiques étaient très malmenées. Les acteurs économiques que nous nous finançons, en ressentaient. Aussi, les demandes commencent à être très importantes et nous n’avons pas les moyens de faire face à toutes ces demandes.

        13) Quels sont vos projets futurs ?

        S.M: Nous sommes à révision de capital de 428.550.000 GNF à 8 milliards. Il nous faut d’abord finaliser l’informatisation de l’ensemble du réseau, développer nos activités, moderniser l’entreprise pour améliorer nos prestations.

         

         

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        14. sept.
        2011
        Conakry
        1

        Arnaque dans le secteur des micro-finances en Guinée : plus d’un milliard de francs guinéens escroqué à Kindia

         

        Direction de la supervision des institutions de micro finance

        L’escroquerie s’est installée dans le secteur des micro-finances dans notre pays. Des structures fantômes promettent un taux d’intérêt très incitatif à nos populations et  disparaissent, quelques mois plus tard, avec toute leur économie. Cette situation qui a des conséquences désastreuses sur les ménages ainsi que l’économie nationale, suscite de vives inquiétudes.

        Alors, sur la demande de KonakryExpress, j’ai réalisé une série d’interviews auprès des responsables de ce secteur dont voici celle que m’a accordée El hadj Kémo Condé, Directeur de la supervision des institutions de micro-finance.

        1) A quoi consiste le travail de votre département ?

        ELhadj Kémo Condé

        K.C : Ici, c’est la direction de la supervision des institutions de micro finance. C’est cette direction qui est chargée d’élaborer la réglementation. Quand je dis : Réglementation, il s’agit des textes de loi et les instructions de leur application. Elle est également chargée de la supervision. La supervision consiste donc à veiller à l’application de ces textes réglementaires en effectuant des contrôles  sur pièces (c’est-à-dire à travers les états financiers que ces institutions nous transmettent) ou à travers des contrôles sur place en se rendant sur le terrain pour savoir ce qui se passe. Globalement, c’est la mission dévolue à notre direction.

        2) Il y a aujourd’hui combien d’institutions de micro finance en Guinée ?

        K.C : Les institutions de micro finance qui sont autorisées à exercer cette activité sont au nombre de treize (13). Ce sont : Crédit Rural de Guinée (CRG) ; Caisses Populaires d’Epargne et de Crédit de Guinée (CPECG) ; Programme Intégré pour le Développement de l’Entreprise ( PRIDE FINANCE) ; Agence Autonome d’Assistance Intégrée aux Entreprises (3AE) ; Société Coopérative de Mobilisation des Ressources pour l’Investissement en Guinée ( MIGUI) ; Société Anonyme Financial Développement (FINADEV SA) ; Caisses Communautaires d’Epargne et de Crédit et de Crédit de Guinée (CCECG) ; Centre d’Appui et de Formation au Développement à l’Epargne/Crédit et à l’Education Civique (CAFODEC) ; Mutuelle d’Epargne et de Crédit des Pêcheurs Artisanaux de Guinée (MECREPAG) ; Réseau d’Assistance Financière aux Organisations Communautaires (RAFOC ; Coopérative d’Epargne et de Crédit Nafa (COOPEC NAFA) ; Groupement d’Appui à l’Auto promotion Economique et Sociale (GAAES) et Maison Guinéenne de l’Entrepreneur (MGE).

        Elles sont implantées un peu partout sur le territoire national

        3) Quels sont les apports de ces institutions à l’économie nationale ?

        K.C : Je pense que ce sont elles mêmes qui sont mieux indiquées pour répondre à cette question. Ce sont elles qui mesurent l’impact du service qu’elles fournissent aux populations à la demande, souvent, des différents bayeurs de fond. Nous, en tant que banque centrale, nous assumons la tutelle, la supervision pour s’assurer de la bonne marche des différentes structures. Mais nous ne faisons pas d’étude pour mesurer l’impact.

        4) Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exécution de votre mission ?

        K.C : L’une des principales difficultés que nous rentrons avec ces institutions, c’est le non respect -par la plupart d’entre elles- du délai de transmission des états financiers. La loi dit qu’à partir du 15 avril de chaque année, elles doivent nous fournir leurs états financiers certifiés. Mais avec le manque d’électricité (par exemple) elles ont des difficultés de tenir ce délai. L’autre difficulté c’est la concurrence déloyale. Je viens de citer les institutions agréées par la banque centrale. Il y en a d’autres qui opèrent de façon illégale sur le terrain livrant ainsi une concurrence déloyale à celles qui sont agrées. Un autre problème est que les fonds se font de plus en plus rares. Avec tout ce que notre pays a vécu comme crises ces dernières années, la plupart des bayeurs avaient fermé les robinets.

        5) Est-ce que la banque centrale apporte de l’aide financière aux institutions de micro finance en Guinée

        K .C : Non ! Cela ne fait pas partie des attributions de la banque centrale. C’est l’Etat, à travers sa politique de lutte contre la pauvreté, qui peut faciliter l’intervention de certains bayeurs de fonds dans le domaine des micro-finances.

        6) Vous parliez tantôt de structures qui opèrent de façon illégale. Est-ce que cela veut dire qu’il y a des institutions fantômes dans le secteur des micro-finances en Guinée?

        K.C : Effectivement, il y en a. Les gens leur déposent de l’argent et un beau matin, ils apprennent que la structure a disparu. Tout récemment, nous avons mis la main sur trois institutions non agrées qui promettaient 25% de taux d’intérêt en six semaines. C’est dû jamais vu ! Nous les avons déjà fermé mais il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres qui sont encore sur le terrain.

        7) Si vous avez réussi à arrêter les responsables, quelle est la suite de ces affaires ?

        K.C : Nous avons arrêté les promoteurs et nous les avons traduit en justice. Le jugement est en cours. Nous nous avons l’obligation morale de veiller à la bonne santé financière des institutions que nous avons agrées. C’est raison pour laquelle nous avons publié dans les médias la liste des institutions autorisées par la banque centrale pour que la population sache quelles sont les structures habilitées et demande le numéro d’agrément à celles qui viennent vers elle.

        8) A combien s’élève le montant escroqué par ces structures et où exactement ?

        K.C : Il y avait une structure de ce genre qui faisait de l’arnaque à Kindia. Le montant en cause est de  1.200.000.000 GNF qu’elle a escroqué dans l’espace de deux à trois mois.

        9) Par quelle méthode opérait-elle ?

        K.C : Nous avons pris les documents qui étaient en leur possession pour savoir comment elles opèrent. Nous avons constaté que les dépôts de la semaine du 26 au 30 avril 2010, elle avait déjà collecté 49.180.000 GNF. Ce montant a été remboursé six semaines plus tard par les dépôts du 07 au 11 juin par ce que ces dépôts ont fait 78.080.000 GNF. Comme elle avait déjà collecté 49.180.000 GNF qu’elle allait rembourser avec intérêt, les 49 million plus intérêt (capital + intérêt) ça fait 61 millions. Puisqu’elle avait encore récupéré 78 millions les semaines suivantes, elle a payé le capital et l’intérêt dans les 78 millions et elle a eu un reliquat de 16 millions dans la semaine : c’est son bénéfice. Cela veut dire qu’elle n’a aucun banquier, aucune ressource financière. Seulement, les derniers déposants remboursent les premiers. Au jour de l’arrêt de leur opération, elle était à un milliard. Imaginez-vous, ce sont des dépôts de 500.000 GNF à 200.000 GNF… Donc ça fait toute la population de Kindia car les clients ne sont pas des gros clients des banques. Ce sont les femmes de ménage, nos mamans. Et c’est là où il y a le danger. C’est la population la plus pauvre, la plus fragile.

        10) Comment avez-vous réussi à dénicher ces escrocs ?

        K.C : Vous savez, nous avons aussi notre stratégie. Nous avons sensibilisé les institutions de micro-finances qui sont agrées. Nous leur avons dit : dans votre intérêt et dans l’intérêt de tout le système, dès que vous êtes informés de l’existence d’une structure qui fait la même activité que vous alors qu’elle n’est pas autorisée, informez nous. Nous avons également prévu dans notre plan d’action, de faire des campagnes de sensibilisation en nous appuyant sur les médias pour que la population soit mieux informée.

        11) Le 25 Août dernier, un document élaboré par les experts du secteur des micro-finances a été adopté ici à Conakry. Que contient ce document ?

        K.C : Il s’agissait d’un atelier de validation. Notre pays est l’un des rares pays qui n’avait pas encore de politique spécifique à la micro finance contraire aux pays de la zone UEMOA où il y a un document de stratégie nationale de la micro finance. C’est-à-dire que c’est ce document qui permet de définir le rôle de tous les acteurs : la banque centrale, les institutions elles mêmes, les bailleurs de fond et tous les autres acteurs qui interviennent dans ce secteur. Donc jusqu’à une date récente, la Guinée n’avait pas ce document. Quand il ya eu la créance d’une agence nationale de micro finance le 19 avril 2011 -agence qui aura pour mission principale d’encadrer et de promouvoir ce secteur-, sur financement du PNUD les expert ont été commis à élaborer ce document. Pour cela, il fallait le diagnostic du secteur. C’est le résultat de ces travaux qui a été soumis à l’ensemble des acteurs et qui l’ont validé.

        12) Votre dernier mot ?

        K.C : Je ne peux que vous remercier d’être venu chercher l’information à la source car tout ce que je dis ici engage la banque centrale. C’est officiel. Je suis très heureux que vous vous intéressiez à ce qui ce passe dans notre pays contrairement à ceux qui balancent sur internet les informations qu’ils n’ont pas cherché à vérifier. Je vous encourage et vous remercie très sincèrement.

         

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        11. avril
        2011
        Non classé
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        Quelques mots sur Ousmane Gueye, étudiant et mondoblogueur sénégalais

        Ousmane Gueye

        Ousmane Gueye est un jeune sénégalais âgé de 23 ans. Il est issu d’une famille modeste majoritairement instruite en français ou en arabe. Il a fait ses études primaires dans son village Mboumbaye dont il garde toujours de très bons souvenirs. Aujourd’hui, il est Mondoblogueur et étudiant en licence III de sociologie des médias et de la communication à l’université Gaston Berger de Saint Louis. Cette spécialisation lui donne une bonne approche de la société et des médias sénégalais.

        En répondant à quelques questions que je lui ai posées pour savoir un peu plus sur lui, Ousmane m’a d’abord impressionné par la facilité, l’aisance et la précision avec lesquelles il s’exprimait. Ce n’était pas du tout étonnant pour celui qui connaît le pays de Léopold Sédar Senghor qui fut le premier africain admis à l’académie française. Et comme Senghor, Ousmane aime à écrire des poèmes. C’est pourquoi il estime que « le blogging est un prolongement naturel de cette passion ». Pour lui nous avons tous quelque chose en dire. Donc la meilleure façon de s’exprimer, de partager ses idées et d’en discuter avec les autres, c’est d’avoir un blog au lieu d’afficher ses écrits sur le campus comme le feront certains étudiants.

        Sur son blog Mon quotidien au le jour crée sur la plate-forme de Mondoblog, il raconte son quotidien et celui des sénégalais. Il chronique également pour apporter un regard critique sur ce qui passe en Afrique.

        Ses analyses sociologiques des médias influaient toujours notre causerie. En me parlant de guerre médiatique, de sur-information et tant d’autres enjeux médiatiques dans la société, il m’a laissé comprendre qu’il maitrise bien son domaine de spécialité.

        A l’image d’Ousmane, je puis affirmer que le Sénégal regorge d’énormes de potentialités intellectuelles qui vont prendre le relais pour construire ce pays qui reste une référence dans la sous-région.

         

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        16. mars
        2011
        Conakry
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        Mes impressions sur le web guinéen après la conférence sur « la presse guinéenne en ligne, force de changement et vecteur de haine »

        La conférence du samedi 12 mars portant sur le thème : « la presse guinéenne en ligne, force de changement et vecteur de haine » a été couronnée de succès. J’adresse mes sincères remerciements à toutes ces personnalités de haut rang qui ont honoré cet évènement de leur présence. C’est la première fois dans l’histoire du web guinéen que les hommes de medias notamment les éditeurs de la presse en ligne, se retrouvent pour évaluer leur parcours et se donner des idées salvatrices pour que les citoyens se servent de l’Internet pour construire notre pays au lieu de le diviser en cultivant la haine entre les différentes communautés qui font la diversité de cette nation.

        Je me réjouis également de l’engouement que le thème a suscité chez les journalistes eux-mêmes mais aussi et surtout chez les conférenciers qui ont su mettre le doigt dans la plaie.

        Je vais très bientôt mettre à votre disposition la vidéo de la télévision nationale et l’audio des stations de radios qui ont couvert l’évènement. En attendant, j’alerte les internautes car en faisant le tour des sites pour savoir comment l’évènement à été restitué j’ai été sidéré de la façon dont certains sites, pas tous, ont dénaturé, infidèlement reporté les propos des conférenciers ou créer une sorte de confusion dans l’esprit des internautes qui ont lu plusieurs articles sur le même évènement sur différents sites. En lisant certains articles d’ailleurs, je me demande de quelle conférence s’agit-il ? Quelques exemples : un site écrivait que l’organisateur de la conférence s’appelle Aboubacar Kouyaté alors que c’est Fodé Sanikayi Kouyaté. D’autres écrivaient que l’organisateur de la conférence travaille dans une radio commerciale de Conakry alors que je suis simplement blogueur n’ayant jamais travaillé pour une radio. C’est plutôt mon ami Mohamed Djibril Camara qui m’a assisté dans l’organisation de ladite conférence et qui a remarquablement modéré la conférence, qui est journaliste à la radio Liberté FM. Disons que ce n’est pas grave mais le plus important était de pouvoir transmettre fidèlement ce qui a été dit par tel intervenant sur tel thème. Hélas !

        Et pourtant, l’une des thématiques abordées par l’un des conférenciers, Fodé Tass Sylla, qui a fait une descente musclée dans la maison des sites Milles Collines, portait sur « La presse en ligne en tant que vecteur de haine ethnique et de DÉSINFORMATION en République de Guinée ». Je pense qu’il n’y a plus de débat à ce niveau car ils ont eux même confirmé que le mot DÉSINFORMATION méritait toute sa place dans cette conférence. Je les félicite de m’avoir désinformé dans leur reportage sur un évènement que j’ai organisé. Ils auraient dû cas même noter cette phrase de Justin Morel Junior : « ….le journaliste doit avoir le sens du recoupement…. ».

        Voici le projet qui a été mis en ligne avant même la tenue de la conférence et qui suffisait pour mieux comprendre le thème et les objectifs de la rencontre.

         

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        Une autre façon simple d'agir pour faire comprendre

        Auteur·e

        L'auteur: Fode

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